Article de fond

Comment la crise du COVID 19 impacte-t-elle le rôle des assureurs ?


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Depuis près de 200 ans, notre mission première est de protéger la valeur créée par chacun de nos clients. Notre rôle est d’identifier les risques potentiels qui pèsent sur leurs biens et d’émettre des recommandations de prévention des sinistres et de réduction des dommages potentiels. Notre objectif est de limiter au maximum les interruptions d’activité et les pertes financières en cas de sinistre, pour rendre les entreprises aussi résilientes que possible face à tous les types de crises et de sinistres.

De ce point de vue, la crise du COVID-19 n’a pas transformé notre rôle en tant qu’assureur. Néanmoins, la crise nous a demandé d’adapter nos activités pour accompagner au mieux nos clients à distance, mais aussi de comprendre les nouvelles priorités de nos clients face à la pandémie, tout en intégrant une stratégie de gestion des risques globale.

Par conséquent, nous avons accéléré certains projets : nous comptons par exemple, parmi nos 5 400 salariés, près de 1 900 ingénieurs spécialistes de la prévention des risques. Ces ingénieurs réalisent en moyenne 100 000 visites de sites chaque année. Pour assurer leur sécurité comme celle de nos clients, nous avons renforcé nos services d’ingénierie à distance, qui font appel à toutes les technologies disponibles pour maintenir le lien avec nos assurés.

A plus long terme, on peut penser que la manière d’évaluer les risques va s’enrichir, car le développement d’innovations comme les drones, les capteurs et l’internet des objets favorisent un suivi encore plus poussé.

Comment évolue le marché de l’assurance avec la crise sanitaire ?

Depuis 2017, le marché de l’assurance a été soumis à plusieurs tensions, dues à une série de catastrophes naturelles, à une hausse de la cybercriminalité mais aussi à des risques accrus de bris de machine : pour répondre à une demande forte, certaines entreprises ont eu tendance à trop espacer les maintenances de leurs équipements et à sur-solliciter leurs machines.

Le marché s’est également durci ces deux dernières années sur l’effet de conditions économiques et financières défavorables. Dans ce contexte, la crise sanitaire joue un rôle d’accélérateur, la pandémie actuelle a de graves répercussions financières sur de très nombreux secteurs d’activité, y compris celui de l’assurance. Il y a moins de primes collectées et les rendements sont très volatils. On assiste donc à un durcissement du marché de l’assurance.

Il est certain que les entreprises doivent aujourd’hui affronter des risques de plus en plus complexes : ceux qui sont spécifiques à leur secteur, mais aussi ceux qui découlent d’un environnement beaucoup plus incertain, où les impacts de la conjoncture économique, du changement climatique ou de la cybercriminalité peuvent à présent s’entremêler. La gestion des risques est également plus complexe car les équipes doivent gérer des contraintes budgétaires et des priorités parfois contradictoires.

Face à cette complexité croissante, bien s’assurer demande de placer la continuité de l’activité de l’entreprise au cœur de ses préoccupations. Aujourd’hui, il s’agit donc moins de savoir comment se relever en cas de sinistre mais plutôt d’anticiper toutes les mesures qui peuvent favoriser le succès de l’entreprise, même lors de circonstances très exceptionnelles. Dans ce contexte particulier, les dirigeants d’entreprises comme les risk managers doivent adopter une nouvelle approche de la résilience, pour identifier avec leur assureur tous les obstacles que pourrait rencontrer leurs entreprises, avant même qu’ils ne surgissent.

Quels enseignements peuvent être tirés de cette crise ?

Du côté des dirigeants d’entreprises comme des risks managers, le premier enseignement réside dans la nécessité de considérer les risques de manière globale. Aux risques sanitaires directement liés à la pandémie se sont également ajoutés les risques découlant de la montée en puissance du télétravail et plus généralement de la digitalisation des entreprises. Avec la reprise de l’activité, il faut aussi considérer les risques associés au redémarrage des équipements qui sont restés à l’arrêt.

On constate enfin que l’exposition aux risques naturels et aux risques découlant du changement climatique ne peuvent pas être relégués au second plan. Une bonne politique de gestion des risques doit donc considérer tous les risques, et les interactions possibles entre ces différents risques.

Le deuxième enseignement que l’on peut tirer de cette crise, c’est l’importance de ne pas ralentir en matière de plans de prévention et d’investissements : non seulement parce que cela permet de limiter les pertes en cas de dommages, mais aussi parce qu’il est important de maintenir un bon profil de risques, surtout lorsque le marché de l’assurance se durcit. Faute de quoi, les assureurs peuvent considérer que le niveau de risques est trop élevé et cela peut entraîner de réelles difficultés à s’assurer à un coût supportable pour l’entreprise.

Pour finir, identifier les risques c’est une première étape, mais il faut ensuite les hiérarchiser et définir pour chacun d’eux des plans d’actions. Ces plans doivent ensuite être testés avec soin, pour vérifier leur efficacité et leur pertinence, sinon ils n’auront que peu de valeurs pendant la crise. Cette démarche proactive est très importante, car elle permet de rendre l’entreprise beaucoup plus agile et beaucoup plus résiliente.

La résilience, c’est un choix.